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Gérard Larcher
Gérard Larcher et la droite pressent Lecornu d'utiliser le 49.3 pour sortir de l'impasse budgétaire, tandis que le Premier ministre refuse d'y recourir pour respecter sa promesse au Parlement. Le vote du 9 décembre sur la Sécurité sociale devient crucial, un rejet pouvant entraîner un déficit allant jusqu'à 30 milliards.
Le débat budgétaire vire au bras de fer institutionnel. Gérard Larcher, président du Sénat, presse Sébastien Lecornu d'« envisager le 49.3 » pour sortir de l'impasse et « donner un budget à la France ». Larcher accuse Matignon d'un manque de concertation et rejette l'idée que « les socialistes font le budget », tandis que le Premier ministre campe sur son refus, fidèle à sa promesse d'abandonner l'usage du 49.3 pour respecter le Parlement.
La droite sénatoriale, emmenée par Larcher et Bruno Retailleau, estime pourtant que la situation, marquée par l'échec des compromis, une Assemblée fracturée et un déficit qui se creuse, justifie pleinement cet outil constitutionnel que plusieurs figures de la majorité élargie, d'Édouard Philippe à Marc Fesneau, appellent désormais à réactiver.
Lecornu au bord du précipice
Dans un Sénat dominé par la droite, les textes sont profondément remaniés, présentés comme un antidote à « l'hystérie fiscale » de l'Assemblée. Mais les blocages persistent : la gauche réclame davantage de garanties sur la « Sécu » tandis que la coalition gouvernementale expose ouvertement ses divisions.
La perspective du vote solennel du 9 décembre devient un moment de vérité : le gouvernement veut prouver que le débat parlementaire peut aller « au bout », mais un rejet constituerait un désaveu majeur pour Sébastien Lecornu.
Sans budget voté d'ici au 31 décembre, la Sécurité sociale risque un dérapage allant jusqu'à 30 milliards de déficit. La porte-parole du gouvernement martèle cependant qu'utiliser le 49.3 serait reconnaître l'échec des discussions et refuse de céder à la pression d'une droite qui, selon elle, veut se défausser de ses responsabilités.
Larcher, Retailleau et leurs alliés centristes jugent au contraire que l'outil serait un « soulagement » et même un devoir constitutionnel dans l'intérêt de la Nation. Mais le Premier ministre, engagé à ne pas recourir au 49.3, parierait encore sur une issue parlementaire malgré les tensions et les calculs politiques, chacun anticipant déjà le coût d'un vote en défaveur du budget.
La majorité relative navigue ainsi entre symbolique démocratique et urgence financière, tandis que l'opposition scrute la moindre faille pour faire porter à Lecornu la responsabilité d'un éventuel naufrage budgétaire. Dans cet équilibre fragilisé, la bataille du 49.3 devient moins une question technique qu'un test politique, celui de l'autorité du Premier ministre face à un Parlement éclaté et un pays aux comptes publics sous tension.